F2 - QUAND LA QUÊTE DE LA PERFECTION MÈNE À L'INSATISFACTION
- Louis-Philip Guindon
- 19 juin 2023
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 2 nov. 2023
Votre équipe a perdu 4-3.
Vous êtes déçu, triste et frustré d’avoir perdu.
Vous avez gardé ce sentiment toute la semaine jusqu’à votre prochain match;
Vous avez souvent réussi cette stratégie personnelle pour vous discipliner;
La raison de le faire réside dans l’amélioration même si cela semble désagréable. Vous avez toujours très bien joué le match suivant quand vous avez gardé la faute de la défaite sur vos épaules.
Comme cela semblait être le cas, vous n’essayez pas une autre stratégie et vous l’avez gardée ainsi. Mais le sentiment de perdre et de vous donner la responsabilité de perdre le match pèse lourdement sur vos épaules, plus que vous ne l’imaginez.
Soyez rassurés, c’est ainsi pour une grande partie des gardiens de but. La plupart des buts que vous laissez entrer sont relatifs à la façon dont vous avez géré la situation. Évidemment, vos adversaires en ont profité. De là vient l’importance de leur accorder crédit et surtout, de se déculpabiliser. Inutile de prendre le blâme.
Au contraire, une occasion se présente à vous pour faire une rétrospection quant à votre besoin continuel de perfection éprouvé dans le sport – ou au quotidien. Est-ce possible d’être parfait de A à Z dans une partie ? Comment définissez-vous cette notion de perfection dans la pratique de votre sport ? Selon vous, est-il sain de maintenir cette volonté omniprésente de perfection à long terme, tant au niveau physique que mental ?
Le perfectionnisme a souvent été interprété comme étant un comportement défavorable. Ce n’est que récemment que nous avons pu témoigner de preuves ayant présenté cette caractéristique comme positive (Stoeber & Otto, 2006). Le perfectionnisme se définit comme étant une caractéristique faisant partie d’un individu. Elle est définie par l’établissement de standards subjectifs.
Ces standards sont formés dans un environnement performant (Stoeber, 2011). Consciemment ou inconsciemment, vous vous fixez des standards d’évaluation quant à la façon dont vous devriez performer. Cette caractéristique peut aussi s’observer dans votre quotidien, comme à l’école, dans vos projets professionnels, etc.
En tant que gardien de but, ces dites standards seront principalement basés sur les buts, les résultats finaux et les statistiques. Chaque gardien doit avoir cette caractéristique en soi, ou du moins une petite partie de celle-ci. Le perfectionnisme a été expliqué à deux niveaux.
Le premier étant les efforts, soit ceux que vous faites afin d’atteindre votre niveau de performance souhaité.
Le deuxième est celui des préoccupations, soit le fait d’accorder une importance élevée à sa performance. En d’autres mots, c’est l’écart entre la façon dont vous souhaitez jouer et la façon dont vous jouez réellement. Cet écart peut causer de la peur, une vision négative de soi-même et des inquiétudes perpétuelles à faire des erreurs.
Être perfectionniste, c’est de devoir constamment gérer ces deux aspects.
Heureusement, il existe une façon saine d’aborder cet état d’esprit. Un perfectionniste sain présente un sens élevé de l’effort tout en ayant un sens plus faible des préoccupations (Stoeber & Otto, 2006). Ainsi, il peut se concentrer sur ce qui doit être fait dans le moment présent. À l’inverse, un individu ayant un sens des préoccupations plus élevé risque de baser son jeu sur la réussite et l’approbation des autres.
Effectivement, un perfectionniste malsain peut se donner des critères stricts pour exceller dans son sport. C’est le cas de certains gardiens de but qui intensifient les préoccupations, alors que les buts et les erreurs sont inévitables. Cela fait partie du jeu.
Certaines des caractéristiques du perfectionniste se rapportent à l’égo. Et trop compter sur l’égo peut conduire à amplifier les critiques sur soi-même pour atteindre des standards inatteignables (Hamacheck, 1978). Il y a sans aucun doute une relation malsaine qui peut être entreprise avec la perfection de vos performances. Un perfectionniste malsain aspirera à la perfection en refusant d’accepter toute performance inférieure, et sera géré en se critiquant de ses performances.
Cette indulgence peut être vécue avec l’obsession de la performance. La concentration est alors dirigée vers le résultat plutôt que sur vos actions et vos progressions. Les perfectionnistes malsains mettent de l’énergie vers la frustration basée sur les résultats et sont mal guidés.
En reconnaissant cette caractéristique de perfectionnement, vous réfléchissez à votre frustration et voyez l’importance que vous accordez aux résultats plutôt qu’à votre pratique, vous vous rapprocherez peut-être d’une relation saine sur vos performances. Les perfectionnistes en bonne santé ont été présentés avec trois aspects principaux à établir en eux-mêmes. Ces aspects sont bien représentés pour les gardiens de but car ils doivent s’y tenir s’ils veulent maintenir une bonne relation avec leurs standards de perfectionnement.
Être réaliste et rationnel avec vos attentes
Accepter les événements. Comprendre que votre jeu ne sera jamais parfait est une première étape dans votre progression. Celle-ci vous fera sentir mieux. Le progrès apporte un sentiment d’accomplissement, à l’inverse du résultat.
Être rationnel au sujet de vos attentes, c’est vous concentrer sur l’amélioration. Cette rationalité vous fera sentir en contrôle et confiant dans votre façon de jouer.
Vous ne reculez pas dans votre développement lorsque vous acceptez la défaite.
Au contraire, les gardiens de but doivent considérer une défaite comme une normalité pour une progression saine. Un perfectionniste sain comprend que les erreurs seront causées en cours de route autant dans l’effort que dans la performance (Hamachek, 1978). Accepter cet aspect de votre jeu vous rendra optimiste face à vos progrès. Vous deviendrez confiant dans votre développement, en commençant par être réaliste et rationnel sur ce que vous attendez de vous-même.
Se fier sur votre jeu
Les gardiens de but sont sujets aux opinions des autres puisque leur jeu est à l’affût de tous ceux qui assistent au match. Un perfectionniste sain considère l’approbation des autres comme un sentiment positif qui doit s’ajouter au leur (Hamachek, 1978). Les gardiens de but devraient avoir une bonne estime de soi, et ce, même lorsque les attentes des autres ne sont pas comblées. Cet aspect du perfectionnisme sain consiste à rester insensible à la critique sociale (Lundh, 2004), tout en consentant aux éloges des autres lorsqu’ils sont présentés.
Que vous soyez satisfait de votre performance ou non, cela reste votre vision des choses; ceux encourageant votre jeu perçoive votre potentiel.
Si vous êtes conscient de vos attentes personnelles, vous reconnaîtrez davantage ce que les autres voient en vous.
Une performance moins élevée qu’à l’habitude est simplement le portrait de ce qui doit être
pratiqué et vous devriez vous sentir enthousiaste à l’idée.
Le détachement
Les perfectionnistes sains ont très bien structuré leur estime de soi (Gotwals, 2015). L’estime de soi ne provient pas toujours d’une réussite que vous avez comme gardien. Au contraire, vous continuez de vivre malgré que votre performance puisse différer de ce dont vous aviez anticipé ou imaginé (Hamachek, 1978). Les résultats peuvent certes être décevants, mais gardez à l’esprit que tout le monde a le temps de réussir. Même dans la défaite, vous restez qui vous êtes. Votre identité s’attachera moins à celle d’être un gardien de but. C’est pourquoi, il est primordial de ne jamais cesser de construire qui vous êtes, mais de détachez vos performances à cet aspect de soi.
Cette façon de percevoir votre performance vous force à refléter sur votre identité de gardien plutôt que de menacer votre concept de soi.
Dans un contexte de réussite, surtout dans un jeu où chaque tir est important, les gardiens de but perçoivent généralement le hockey comme une menace plutôt qu’un défi. Tout commence par la façon dont vous vous percevez en tant que gardien de but.
Se rendre là
Le gardien de but est un poste qui exige un grand perfectionnement. Il est donc normal de se sentir rarement satisfait puisque vous vous sentez obligés de jouer sans faire d'erreurs.
C’est certainement une relation malsaine qui peut se développer en soi. Si mal géré, cet état d’esprit peut conduire à l’épuisement professionnel et même à l’abandon (Gotwals, 2011).
Les gardiens de but ont de nombreux détails techniques à considérer, à partir desquels chaque mouvement ne peut être négligé. La rondelle est si petite et le jeu devient si rapide qu’il y a peu de marge d’erreur. Un gardien de but doit donc conditionner et maîtriser une pratique complexe tout en faisant face à un environnement chaotique.
Vous voulez donner le meilleur de vous-même, et si vous pouvez le faire tout en restant en bonne santé, ce n’est pas mieux mais essentiel pour votre santé mentale.
Références
Gotwals, John K. “Perfectionism and Burnout within Intercollegiate Sport: A Person-Oriented Approach.” The Sport Psychologist, vol. 25, no. 4, Dec. 2011, pp. 489–510.
Hamachek, D. E. Psychodynamics of normal and neurotic perfectionism. Psychology, 1978, 15, 27-33.
Lundh, L.-G. Perfectionism and acceptance. Journal of Rational-Emotive & Cognitive-Behavior Therapy, 2004. 22.
Stoeber, Joachim. “The Dual Nature of Perfectionism in Sports: Relationships with Emotion, Motivation, and Performance.” International Review of Sport and Exercise Psychology, vol. 4, no. 2, Sept. 2011, pp. 128–45.
Stoeber, Joachim, and Kathleen Otto. “Positive Conceptions of Perfectionism: Approaches, Evidence, Challenges.” Personality and Social Psychology Review, vol. 10, no. 4, Nov. 2006, pp. 295–319.
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